Bonjour à toutes et tous!
En ce deuxième jour de l’année 2014, la nuit est déjà tombée sur le sol nippon, et j’en profite pour vous écrire ces lignes afin de vous souhaiter 363 belles et heureuses journées.
明けましておめでとうございます!
Au Japon, le nouvel an (O Shougatsu) est la plus importante célébration de l’année, l’occasion de se réunir en famille autour de mets d’exception, de se reposer et prendre du bon temps. On pourrait le comparer à la fête de Noël en occident, qui ici est par contre très superficielle (voir mon précédent article à ce sujet).
Le nouvel an japonais est une suite de rituels, que ce soit dans sa préparation ou dans sa célébration. Cette période de préparation (Nenmatsu), et particulièrement les quelques jours avant le réveillon sont très occupés, il y a même un mot spécial « Shiwasu » utilisé autrefois pour décrire le mois de décembre, signifiant « même les moines courent avant le nouvel an »!
En effet, il faut bien entendu préparer les repas du jour de l’an, mais aussi la maison, en passant par son grand ménage (nenmatsu no o souji) comparable à notre grand ménage de printemps, sortir les futons pour la famille de visite, mais aussi se rendre aux cimetières familiaux afin de les nettoyer et offrir de belles fleurs fraîches et déposer des bâtonnets d’encens aux ancêtres.
Traditionnellement les japonais passent le réveillon du nouvel an à la maison et se rendent au temple bouddhiste ou au sanctuaire shinto après minuit, mais suivant les familles et les générations les occupations varient.
Lors de mon premier réveillon au Japon, je dois dire que j’avais été un peu étonnée et frustrée car la soirée se passait…autour de la télévision et de tous ses programmes spéciaux annuels. Entre les matchs de boxe, les émissions de variétés dans lesquels défilent les derniers boys et girls bands du moment et les shows de comédiens, pour moi qui ne parlait presque pas japonais à l’époque et qui n’ai jamais eu la télé à la maison, je dois dire que cela s’approchait du supplice.
Mon mari avait beau m’assurer que c’était une des traditions du nouvel an pour la famille, ma frustration fut encore plus grande lorsque vint l’heure de « Yukutoshi kuru toshi » une émission de la NHK qui montrent les célébrations du passage à la nouvelle année dans de très nombreux temples ou sanctuaires du Japon. L’atmosphère de nuit avec toutes les lanternes éclairées, les processions de moines et de prêtres, le coup de cloche à minuit, voilà qui me faisait rêver, bien plus qu’une soirée passée devant la télé!
Je faisait donc promettre à mon mari d’aller au temple de nuit l’année suivante malgré son envie plus que mitigée et ses explications sur le sujet (le froid, l’attente des trains de nuit, la foule…) dont j’ai pu m’en rendre compte par moi-même l’année suivante, mais ceci est une autre histoire!
Mais revenons-en au jour du nouvel an et son fameux repas de famille.
Il y aurait encore une fois beaucoup de choses à dire sur ces festivités, et je pense que j’en ferais un jour un article à part entière.
En effet, entre la vaisselle spéciale en laque, les recettes de familles qui changent suivant les régions et se transmettent de générations en générations, les décorations de table, le saké aux feuilles d’or et autres spécialités, le sujet ne manque pas de contenu!
La cuisine traditionnelle du nouvel an s’appelle « o sechi ryouri » et se présente dans des bentos en laque à plusieurs étages. Préparée à l’avance, elle se déguste sur plusieurs jours.
Cette année cependant ma belle soeur nous a préparé un menu différent du o sechi traditionnel mais tout aussi délicieux et bien présenté.
A défaut de pouvoir goûter, je vous laisse admirer avec ces quelques photos!
Vous commencez surement à connaitre ma passion pour le kimono, mais je n’avais pas encore eu l’occasion de vous dire que j’ai la chance depuis quelques mois de pouvoir suivre des cours de « kitsuke » (habillage).
Je me suis donc entraînée à revêtir des kimonos et obis plus formels, et préparais avec excitation ma coordination du nouvel an.
J’ai hérité de nombreux kimonos venant de la grand-mère maternelle de mon mari, dont un « houmongi » rose pale aux motifs hivernaux de pins enneigés et de tsurus (grues japonaises) qui était parfait pour l’occasion, la grue étant un oiseau représentatif du nouvel an au Japon, porteur de bonheur et de longévité.
Je l’ai coordonné avec un obi aux motifs traditionnels représentant les 4 saisons dans de jolies couleurs pastels.
Après le repas du midi, l’après-midi est dédiée au repos et aux activités familiales.
Beaucoup de personnes se rendront au temple ou au sanctuaire pour la première et très importante prière de l’année, mais pour éviter la foule, ma famille a pris l’habitude de s’y rendre le lendemain.
L’activité de prédilection chez les Maeda est le Mahjong, un jeu de table originaire de Chine popularisé dans les pays d’Asie du sud est.
Mon beau-père plus particulièrement est fanatique de ce jeu, et a fabriqué une table spéciale pour entraîner le reste de la famille dans de longues heures de parties « endiablées ».
Pour ma part, je préfère observer les joueurs de l’extérieur et me laisser bercer par leur longues réflexions non-silencieuses et leurs cris victorieux.
En ce jour du 2 janvier 2014, nous nous sommes donc rendus en famille dans deux sanctuaires shintô proches de chez nous. Le premier sanctuaire « Kishi Jinja » est perdu aux milieu d’habitations et de jardins potagers, un petit îlot de verdure aux arbres centenaires très calme et apaisant.
Nous nous sommes ensuite dirigés vers le sanctuaire « Ikoma Jinja » situé dans les hauteurs et où le cheval, animal représentant cette nouvelle année est à l’honneur.
J’avais préparé pour cette sortie une deuxième coordination beaucoup plus décontractée et inspirée par le cheval, comprenant un kimono tsumugi brun, assorti d’un obi fait main en lainage crème, noué en un dérivé plus moderne du traditionnel « taiko musubi ». J’ai délibérément choisi de porter mon kimono plus court que d’ordinaire avec des bottines en cuir, et de fermer le devant de l’encolure à la mode Taisho, qui permet de mieux mettre en valeur le sous-col en lainage à carreaux.
Je me suis également amusée à nouer mon obiage en m’inspirant des noeuds entrelacés shintô.
Sur cette dernière image prise lors de notre visite au sanctuaire d’Ikoma, je vous écris mes dernières lignes en espérant que ce premier article de l’année vous ai plu.
Que votre année soit belle!
お正月 : « O Shougatsu » Le nouvel an.
明けましておめでとうございます : « Akemashite omedetou gozaimasu » (Bonne année en japonais).
おせち料理 : « O sechi ryouri » Nourriture traditionnelle japonaise du nouvel an.
年末 : « Nenmatsu » Période de fin d’année entre mi-décembre et le nouvel an.
年末の大掃除 : « Nenmatsu no o souji » Le grand ménage de fin d’année.
訪問着 : » Houmongi » Kimono formel dont les motifs du bas et des manches sont positionnés de manière continue entre les différentes pièces.
紬 : « Tsumugi » Kimono informel pour les sorties de tous les jours, en soie au tissage apparent légèrement en relief (peut être comparé à la soie sauvage).
Le petit col en fourrure! <3
Bonne année ma petite Clara 🙂
Le noeud de ton obi dans la dernière coordination est tout simplement magnifique °-°
La première coordination est pleine de fraicheur et de douceur, mais la seconde a volé mon coeur: Elle a les couleurs des bois d’hivers, de loin tout semble brun gris et plus tu te rapproche plus tu te rend compte de la quantité de couleurs bien agencées et leurs profondeurs, leurs motifs!
Bref, tout est délicieux, je suis impressionnée.
Merci Clara pour tes voeux. En échange reçois les nôtres ! Bonne santé et beaucoup de bonheur.
Tu as pu déguster un « Opéra », j’en suis heureux. C’est un gâteau qui exige beaucoup de patience, de la minutie et quelques tours de main…
Quand tu seras de retour ici il suffira que j’en sois prévenu et je tenterai de te faire le gâteau qui te fait saliver…
Merci de nous parler de ta vie au Japon. Tes récits sont passionnants.
Bonne continuation et bise.
JP
C’est ravissant!
Très belle année Clara.
Merci d’avoir pris le temps de nous écrire ce joli billet.
On te souhaite une très bonne année à toi et toute ta famille ma ptite Clara!! Beaucoup d’amour, de bonheur, de magie, et que tous vos souhaits se réalisent 🙂
Merci pour ton article extraordinaire qui nous permet d’entrevoir d’autres coutumes que les nôtres, j’ai dévoré ton texte ^^ Et tu es magnifique en Kimono 😉
Gros bisous de nous deux!
Merci ^^
Très belle année à vous deux également, ravie que l’article t’ai plu (sur le nouveau site qui déchire) 😉
Gros bisous!
Avec plaisir! J’avais le temps pendant que toute la famille jouait au Mahjong ^^
Très belle année également!
Merci Jean-Pierre, c’est une proposition plus qu’alléchante!
Ravie de pouvoir partager avec tout le monde ici
La première coordination est beaucoup plus simple et traditionnelle 🙂
C’est un vrai plaisir de porter un kimono si beau (et fragile!) mais j’avoue être plus à l’aise dans la deuxième coordination pour sortir! Merci pour tes compliments!
Haha j’aurais du me douter que ça te plairait 😉
Bonne année à toi aussi!
Bonjour Clara,
Je te demande de m’excuser pour mon précédent commentaire dans lequel je ne parlais que de gourmandises…je suis tellement addict !
Pour parler « chiffon » rien de pejoratif…,le nœud du lien qui enserre ton obi est spécial mais j’ai lu je ne sais plus où que ce nœud pouvait être différent selon les occasions de porter le kimono. Tu pourrais nous en dire davantage ?
Pour reparler sucrerie , tu vois c’est plus fort que moi…, ce matin je me lance dans la fabrication des galettes, Épiphanie oblige !!!!
Bise
JP
Super article, merci de nous faire partager un peu de cette culture et de ta vie.
Et tu es superbe, surtout dans le kimono Houmongi !
Merci, je suis contente que mes humbles écrits puissent plaire!
Et merci pour le compliment aussi mais le kimono y est pour beaucoup 😉
Bonjour Jean-Pierre, je vois que j’ai oublié de répondre ici!
Alors pour te répondre, ce lien qui s’appelle « obijime » peut être de différentes largeurs, plat ou rond, tressé ou non, en soie, avec du fil d’or, bref, beaucoup de variantes dans sa forme et ses matières effectivement. Suivant le niveau de formalité, il faudra donc choisir un obijime correspondant plus ou moins formel. La façon de nouer ce obijime reste par contre traditionnellement la même dans n’importe quel cas, pour ma part je choisis de porter le kimono également de façon plus moderne, pour laisser libre cours à mon imagination en terme d’arrangements.
Bonjour Clara
Tes commentaires à propos des fêtes de fin d’année sont très intéressants et instructifs
Il est grand temps que je te souhaite une excellente année 2014 ainsi qu’à ユイ, et que vos vœux les plus chers se réalisent
Tous mes vœux également à ta belle-famille et que ton beau-père redevienne 元気 comme avant
Anne-Marie se joint à moi pour te faire de gros bisous
Merci Patrick, une très bonne année à toi ainsi qu’Anne-Marie, au plaisir de vous revoir cet été!