Bonjour à toutes et à tous, ohayougozaimasu!
Tout d’abord, je tiens à vous souhaiter, chers lecteurs,
un très joyeux Noël et une belle fin d’année 2013!
Pour ma part, cela fait déjà 4 ans, oui, 4 ans que je passe Noël au Japon, et si j’ai finalement réussi à l’apprécier également sur le sol nippon, ce n’était pas gagné les premières années…
Sans rentrer dans les détails, passer Noël au Japon c’est un peu comme passer Halloween en dehors des Etats-Unis : ça ressemble de loin à l’original, mais c’est sans saveur et sans ferveur.
Certes, les décorations sont là, et ce depuis début novembre, oui on vous lessive le cerveau à coup de Jingle Bells dans n’importe quel magasin où vous entrez, mais on est bien loin du Noël qui nous a tous fait rêver dans notre (grande) enfance, car Noël au Japon, c’est comme si vous déballiez un cadeau bien enveloppé, bien enrubanné,
et qu’à l’intérieur, il n’y ait rien, que du vide.
En effet, bien loin les réveillons à la bougie et les cadeaux au pied du sapin, les grands repas de familles débordants de nourriture, le chocolat de 17h que l’on tient absolument à manger alors que l’on vient juste de finir le dessert et que notre estomac est près à exploser…le Noël japonais ça se passe le 24 au soir, au mieux c’est un petit restaurant en amoureux, au pire une soirée à la maison avec un bonnet rouge et blanc miteux sur la tête, et dans l’assiette, des pizzas, ou…des cuisses de poulet KFC. Oui, vous avez bien lu.
C’est quand on s’éloigne de quelque chose que l’on comprend à quel point cela nous manque, car pour ma part, mes deux premiers Noël au Japon rimaient avec déprime et frustration.
Tout me manquait, les paysages brumeux et humides de ma Normandie illuminés dès les premières lueurs du soir, la cannelle, le pain d’épices, l’odeur du vin chaud sur lequel on se réchauffe les doigts après une ballade entre les chalets du marché sur la place de la cathédrale…j’étais tellement en manque de traditions que je regardais en replay le journal de 13h de Jean-Pierre Pernaut, qui vous emmène dans « ce petit village de provence où l’on continue de peindre les santons à la main de père en fils ».
Et oui, je n’aurais jamais cru un jour que même Jean-Pierre Pernaut viendrait à me manquer.
Cependant, c’est grâce au Noël japonais que j’ai compris la masse de travail que fournissaient chaque année ma grand-mère maternelle ou ma tante paternelle, et le bonheur d’être un simple invité qui se glisse les pieds sous la table avec pour seule préoccupation le fait de se demander « est-ce que je reprends un peu de foie gras ou est-ce que j’aurais encore faim pour le dessert? » (sachant qu’on a de toutes façons TOUJOURS de la place pour le dessert).
En effet, si je voulais me rapprocher le plus possible d’un repas de Noël français, il a bien fallu que je me mette aux fourneaux, et à tout ce que ça comprend, les heures à errer dans les rayons du supermarché à chercher (en vain) un poulet entier, une après-midi non-stop de préparation, et un repas passé à moitié debout, qui fait qu’on est presque content quand il est terminé.
C’était sûr, le temps de mon innocence insouciante face à Noël s’est terminé avec mon arrivée au Japon.
Alors après quatre années, j’ai appris à relativiser, j’ai amélioré mes recettes, et j’ai même acquis un mini sapin en plastique que j’ai pris un plaisir démesuré à décorer si on le compare à sa taille, mais cette année, après avoir passé une fois de plus un réveillon marathon, je n’avais qu’une envie malgré tout, me mettre les pieds sous la table.
Mon mari et moi avions donc décidé de nous rendre dans notre restaurant français préféré,
Le Bistrot « Le Petit Paris ».
Déniché à l’étage d’un magasin de vêtement dans le centre de Nara un jour où nous avions très faim, au détour d’une grande rue passante, c’est depuis devenu notre endroit fétiche où nous nous rendons pour les grandes occasions.
C’était la première fois que sortions le 25, et mon mari a donc téléphoné pour savoir s’ils avaient un menu spécial, qui malheureusement n’était disponible que le soir, et bien qu’étant plus qu’appétissant, s’avérait un peu cher pour notre bourse.
Malgré tout, nous nous sommes mis sur notre 31 et installés à table de très bonne humeur, jusqu’à ce que la serveuse nous annonce que le menu gastronomique de Noël était finalement disponible, qui plus est, 20% moins cher que le soir!
Après avoir jeté un rapide coup d’oeil au menu, lu les mots « caviar, fois gras, bisque, opéra » et connaissant la qualité de ce restaurant nous n’avons donc plus hésité une seconde et commandé ce fameux repas de Noël.
Pour faire court, je pense que ce fut une de mes plus belle expérience gustative, chaque plat était parfait en tous points, les quantités juste comme il faut, et le fait de pouvoir apprécier un tel repas au Japon à 12000 km de la France nous a garanti un plaisir décuplé.
Dès l’amuse bouche, nous en avons pris plein les yeux et les papilles.
Rassemblés en une composition très fraîche tout en transparence, huître, awabi (ormeau) et petits légumes croquants étaient surmontés d’une gelée saline et de caviar, une première pour moi! Si j’ai pour ma part délaissé l’huitre qui a vite trouvé preneur au près de mon mari (la meilleure qu’il ait jamais mangé selon lui!) j’ai été bluffée par l’awabi et la gelée qui s’harmonisaient parfaitement en bouche.
Après ce départ sous les meilleurs augures, l’entrée de fois gras nous fut amenée.
J’étais au départ légèrement déçue en voyant qu’il s’agissait de foie gras cuit, car le peu de fois où j’en ai goûté en France, je n’avais pas été convaincue, trouvant cela amer et écoeurant.
Quelle ne fut donc pas ma surprise à la première bouchée, croustillant à l’extérieur, fondant mais en aucun cas écoeurant à l’intérieur, le foie gras était accompagné d’un parmentier à la truffe qui s’alliait à merveille en bouche. Petite touche d’originalité en prime, un trait de sauce balsamique au café corsée à point.
Les plats de poisson et de viandes furent aussi délicieux l’un que l’autre. Pour mon plus grand plaisir car j’adore ça, une bisque bien goûteuse de homard accompagnait un poisson blanc dont j’ignore le nom mais qui était pour le moins agréable, ainsi qu’un flanc délicat de saint-jacques.
Quand à la viande, il s’agissait d’un duo de rôti de veau de Hokkaido élevé sous la mère et de confit de canard, parfaitement cuit avec une peau croustillante à souhait!
Enfin, le dessert arriva, et je dois dire que j’en attendais beaucoup, car le menu annonçait un opéra, rien de moins!
Je pensais bien qu’il serait dans tous les cas délicieux, mais je me demandais s’il s’agirait d’un opéra revisité à la japonaise, ou d’un vrai opéra bien de chez nous, et je dois dire que je n’aurais pas fait la différence entre un opéra dans la vitrine d’une pâtisserie française et celui que j’avais dans mon assiette, jusqu’à la petite feuille d’or, tout y était, et le goût était lui aussi plus qu’au rendez-vous.
En prime nous avons eu le droit à une bougie et une petite carte, puisqu’il y a 4 ans de ça, Yui et moi avions célébré notre mariage au Japon.
Après cette dernière touche sucrée en apothéose, nous avons pris une photo souvenir avec le chef Nobuhisa Yamamoto qui en plus d’être très talentueux est adorable, ainsi que sa femme qui a réalisé le merveilleux opéra.
A vous tous français expatriés en mal de nourriture « bien de chez nous », je ne peux que vous recommander chaudement ce restaurant, n’hésitez pas à les suivre sur facebook!
Sur cette dernière photo souvenir, je vous laisse chers lecteurs, profitez bien de ces derniers jours de fin d’année, pour moi ce sera bien au chaud, une tasse de thé à la main et des souvenirs plein la tête!
Magnifique photos , commentaires à vous en mettre l’eau à la bouche …. Merci Clara !
Récit gourmand ça fait envie !
Le foie gras a été découpé en forme de coeur il me semble, pas mal…
Le vinaigre balsamique aromatisé au café, surprenant !
Il parait que nos ormeaux bretons sont exportés au japon. Il n’y en aurait pas sur place ? ou insuffisamment pour la consommation locale ? Ces ormeaux sont délicieux mais hélas hors de prix ici…
Par curiosité j’aurais aimé savoir quel était le contenu de la carte des desserts de ce « Bistrot » gastronomique.
Bonjour Jean Pierre,
le vinaigre balsamique au café était effectivement très surprenant et corsé mais très bon, à mélanger au reste par petites touches!
Je ne saurais pas vraiment te dire pour l’ormeau, il faudrait que je me renseigne, mais ça ne serait pas étonnant, et je te rassure, ça coûte très cher ici aussi!
Pour la carte des desserts, elle n’est pas très fournie, de mémoire crème caramel, fondant au chocolat et tartes, avec à chaque fois un dessert du jour. Simple mais toujours très bon. En fait le reste du temps, la cuisine de ce restaurant est vraiment « bistrot » pour le coup, des plats « simples » ou en tous cas plus traditionnels mais très bien réalisés.