Bonjour à toutes et tous!
Aujourd’hui je me réveille aussi en forme que je ne le fus le 21 mars dernier à Monaco (mais avec plus d’heures de sommeil tout de même!), pour vous parler donc de cette fameuse deuxième journée sur le rocher.
Après une trop courte nuit, donc, ma petit équipe se réveillait doucement mais tout de même motivée pour entamer une nouvelle matinée de préparatifs. Après une petite parenthèse viennoiserie/café-jus-thé (au choix) et un achat de victuailles pour nourrir des modèles affamées, nous avons alors entamé notre descente en semi-marathon/roulettes -pendant laquelle c’était plutôt les valises qui nous tiraient que l’inverse- direction le forum Grimaldi.
Lorsque nous sommes arrivés dans nos loges, la majorité de l’équipe était déjà là et tout le monde ayant pris ses marques depuis la veille, la petite machine se remis en route facilement et naturellement.
N’ayant plus à courir partout et me retrouvant quasi inactive en comparaison des deux derniers mois et demi que je venais de passer, je me retrouvais dans un état flottant, ne sachant que faire à part laisser les choses aller, puisque tous étaient sur leur lancée respective et savaient parfaitement où aller.
Finalement je me dis que se poser un peu n’est pas si désagréable après tout, j’en profite pour jeter un oeil rapide aux conférences, voir ce qui se passe ailleurs dans le forum, et lorsque je reviens peu de temps après, Karl cours vers moi et me demande « Où est Alexandra? On a besoin d’elle pour prendre des photos, vite! »
La raison de cette agitation soudaine dans nos loges? Notre cher et dévoué « super manager » Karl avait demandé à Franck Pitiot alias « Perceval » -croisé plus tôt dans les couloirs- s’il pouvait passer faire un petit coucou aux modèles qui étaient toutes de grandes fans de Kaamelott. En effet la veille, le sujet principal de discussion en coulisses se résumait à peu près à « j’ai vu Franck en défilant tout à l’heure! », « oui, moi aussi je l’ai aperçu je voulais lui faire un clin d’oeil mais je me suis retenue! », bref maintenant que le dit Franck se dirigeait en direction de notre loge, vous imaginez l’état de ma petite troupe!
Résultat de cette visite impromptue, une photo de groupe épique en mode bigoudis et semi-maquillage réalisée non pas par Alexandra, qui en tant que fan voulait bien sûr être aussi sur la photo, mais par Raoul notre maquilleur qui en bon américain se demandait qui pouvait bien être cette personne pour laquelle toutes les filles s’agitaient tout à coup! Franck a été adorable et est bien resté une bonne demie heure à discuter avec les filles, signer des autographes, prendre des selfies à la chaîne, et une fois les choses revenues à la normale après cette petite pause en mode « fan service », tout le monde s’est remis à la tâche le coeur encore plus léger et motivé qu’auparavant!
S’en suivi donc un roulement successif de coiffage, maquillage, habillage, grignotage, pendant que sur la scène de la salle « Prince Pierre », les conférences, vidéos et talks s’enchaînaient comme prévu.
De notre côté aussi tout se passait encore comme prévu, et vers 15h, la majorité des modèles étant déjà prêtes, je décidais de les emmener jusqu’au jardin japonais voisin où il était prévu que nous réalisions nos photos avec notre talentueuse photographe Alexandra Banty.
C’est alors que les choses se gâtèrent…trop confiantes sur notre bon droit à shooter dans le jardin suite à une autorisation orale de la principauté, je ne réalisais alors pas qu’il était peut-être risqué « d’envahir » tout à coup le jardin avec un groupe de modèles -encore une fois- passant difficilement incognito, et après avoir décidé avec Alexandra des différents spots pour les prises de vues, je les laissais donc commencer sans moi, pendant que je retournais finir d’habiller les filles encore dans les loges.
Alors que j’entamais l’habillage d’Elizabeth alias Céline, que Karl et Tamara déboulèrent en loge avec la mauvaise nouvelle : un des deux gardiens refusait catégoriquement de nous laisser prendre des photos à moins que nous lui montrions une autorisation écrite.
Ceux qui ont l’habitude de shooter dans Paris ou dans ses parcs comprendront facilement l’étendue du cauchemar qui s’en suivi… encore une fois, je ne rentrerai pas dans les détails, mais après que Karl, Tamara, Alexandra et moi-même ayons fait des pieds et des mains pour arranger la situation, à savoir mettre la main sur Dominique, l’assistante de Cédric, qui n’en savait pas plus que nous sur la situation, puis sur Laurence son attachée presse qui nous apprit qu’il était en interview, puis enfin sur Cédric qui devait justement monter sur scène pendant une bonne vingtaine de minutes mais qui m’assura qu’il s’occuperait de la situation ensuite, Alexandra essaya à plusieurs reprises de discuter avec le gardien, sans résultat, et nous décidions donc à contre coeur, pour sauver les meubles, de shooter à l’extérieur du jardin, après avoir trouvé un fond acceptable pour nos photos.
Alors que j’avais presque perdu tout espoir et que j’étais à la limite de me faire Hara Kiri devant toute mon équipe à qui j’avais promis depuis le départ de belles photos dans le jardin, notre sauveur super CédriX arriva tout à coup, prêt à nous sauver dans son costume trois pièces.
Comme par hasard, les choses se désamorcèrent aussitôt après une courte discussion au ton volontairement désinvolte mais pour autant bien décidé entre Cédric et notre gardien renommé « bad cop », que nous ne revirent d’ailleurs plus une fois par la suite, et après avoir été délivrée de ce poids énorme sur mes épaules, je réalisais qu’il ne nous restait plus qu’une heure montre en main pour shooter neuf filles et tenues, et s’engagea alors une course contre la montre dont nous n’aurions jamais pu venir à bout sans l’aide de mon équipe de supers assistants intérimaires, le professionnel, la patience et l’efficacité d’Alexandra et de toutes mes modèles, et l’aide discrète mais précieuse de notre deuxième gardien « good cop » qui nous permit notamment de déborder sur l’horaire de fermeture prévu, sans quoi nous n’aurions jamais pu être dans les temps.
Alexandra, les filles et moi-mêmes redescendirent donc en loge avec le sentiment du devoir accompli mais il nous restait à peine plus de 40 mn avant le point d’orgue du week end, le défilé sur scène pour lequel nous avions tant planifié et répété.
N’étant toujours pas en tenue, je m’habillais donc puis re-checkais toute les filles une à une, tandis que Margaux, Vanessa et Raoul faisaient de même, donnant tour à tour un petit spray de laque, un petit coup de pinceau.
Puis il fut temps de se diriger vers la scène. Tout était très calme, comme avant la tempête, l’euphorie sous-latente était bien présente mais contenue par les efforts de concentration de tous, alors que Tamara et moi disposions les filles les unes derrière les autres, par ordre de passage, de chaque côté de la scène.
Encore une fois, les première notes de musiques retentirent, les dés étaient jetés, plus de retour en arrière.
Je retenais mon souffle et tour à tour levais mon bras, baissais mon bras en accord avec Tamara, glissais un « tu peux y aller » à l’oreille de chaque modèle, la symbiose était parfaite, toutes prirent leur rôle à bras le corps, exprimant avec délicatesse et en musique chacune des émotions de leur personnage.
Si bien que lorsqu’un photographe peu scrupuleux se sentit pousser des ailes et monta sur la scène, manquant de bousculer notre Cygne Préscillia au passage, personne ne se laissa ébranler et le défilé se poursuivit dans cette même symbiose, jusqu’au bout, jusqu’au final, au salut, et jusqu’à ce que la dernière note de musique s’évanouisse sous les applaudissements.
Alors qu’en coulisse nous applaudissions toutes à l’unisson, je me retournais vers les filles, et tandis que le reste de l’équipe nous rejoignait, bientôt suivi de Yui et Chiyako, je voyais en écho dans leurs yeux la même émotion qui perlait, à l’unisson. Je crois que si à ce moment précis j’avais fondu en larmes, je n’aurais plus été capable de m’arrêter, je me retins donc autant que faire se peu, pendant que nous retournions à petits pas une dernière fois dans nos loges.
Alors que je tentais tant bien que mal de retrouver mes esprits pour ranger toutes les robes, les filles regardaient tour à tour la vidéo du défilé que notre dévoué Karl venait d’immortaliser sur son portable.
Bercée par la voix de Chiyako et la guitare de Yuichiro qui tournaient en boucle, je finis de plier bagages, alors que nous faisions déjà nos plans pour la suite de la soirée.
Après être remontés jusqu’à notre hôtel à grand renfort de paires de bras bienfaitrices, tout le monde troqua jeans et autres T-shirts pour des tenues de soirée, pour enfin finir dans un restaurant portugais dont la taille des portions devaient bien faire trois fois la taille de notre estomac. Je crois qu’à ce moment là j’ai dû faire un speech en essayant encore lamentablement de retenir mes larmes, puis nous sommes -difficilement- redescendus direction le Zelo’s,
un club monégasque où était censé se passer l’after de l’évènement « Magic » dans le cadre duquel se déroulait le défilé.
Là-bas nous avons retrouvé le reste des filles qui nous avaient devancées d’un verre de cocktail, mais aussi nos nouvelles connaissances de la veille, Erich Chahi, Frédérick Raynal et compagnie. Après quelques discussions bien difficiles vu le niveau sonore « musical » pratiqué dans le club, et un cocktail à peu près aussi cher que le repas complet de notre petit portugais, nous décidions que ces quelques moments passés à côté de jeunes à peine majeurs bourrés au champagne à plusieurs milliers d’euros la bouteille suffiraient bien pour satisfaire notre curiosité monégasque, et nous nous dirigeâmes alors vers la sortie puis chacun dans nos quartiers respectifs.
Le lendemain nous avons encore passé de beaux moments tous ensemble, ponctués par des au-revoir à chacun, tour à tour, accompagnés de promesses sincères de se revoir très bientôt. Puis vint le temps du retour en avion, du retour à la maison et à la réalité.
La journée du lendemain fut bien difficile, beaucoup de hauts et de bas, de moments d’intense satisfaction, puis de gros vides au creux du ventre.
Comme je l’écrivis aux modèles ce jour là, je regardais mes robes suspendues à leur cintre ou habillées sur leur mannequin mais le coeur n’y était pas, c’est comme si toutes ces robes crées au fil des années avaient enfin pris vie,
et qu’il ne me restait plus alors que des enveloppes bien vides…
Je réalisais alors que c’était sans doute un passage inévitable, quand après avoir réalisé un très gros projet pour lequel on s’est donné de tout son être, on se sent complètement vide de toute énergie, créatrice ou non, et qu’il faut réapprendre à vivre normalement,
à se ressourcer pour mieux recommencer.
Je vous rassure cependant chers lecteurs, l’obsession créatrice pointe bien vite à nouveau le bout de son nez, je vous dis donc à très bientôt, pour de nouvelles aventures et qui sait, peut-être bientôt un nouveau défilé?
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