Bonjour à toutes et tous!
Comme promis hier, voici le second épisode de nos aventures sur le rocher de Monaco!
Après deux mois de travail acharné sur les nouvelles tenues, j’arrivais finalement en France pour entamer la dernière ligne droite avant les défilés, mais aussi profiter pour la deuxième année consécutive de la fashion week parisienne, puisque mon mari et ma belle soeur avaient de nouveau été invités par Issey Miyake pour assurer avec Ei Wada la musique de leur collection prêt à porter automne hiver 2015.
Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur ces fameux défilés, je vous invite à lire mon article de l’an dernier par >>>ici.
Quand au défilé de cette année il fut bien sur très différent tant au niveau des vêtements que de la musique, mais tout aussi beau et réussi.
Quand à moi, j’ai pu en profiter dans les meilleures conditions possibles puisque j’ai eu l’autorisation pour assister à tous les préparatifs du jour J backstage (avec un petit badge et tout!), et ai donc pu me faufiler entre les mannequins, photographes et journalistes pendant l’indispensable étape maquillage/coiffure, voir les répétitions sur scène, me rendre compte de la fourmilière qu’est un défilé de la fashion week, lorsque des centaines de personnes mettent la main à la patte pour offrir un résultat final le plus réussi possible, et enfin assister à ce fameux résultat en live depuis le meilleur endroit qui soit,entre mon mari s’occupant de la manipulation sonore et les ingénieurs lumière.
Pour ceux qui voudraient jeter un oeil à ce fameux défilé, voici la vidéo!
Tout ne fut pas rose cependant lors de cette parenthèse parisienne, puisque la veille du défilé Issey Miyake, une de mes modèles me posait un lapin, oui, à moins de deux semaines de mes propres défilés…étant heureusement de nature optimiste, je me dis alors qu’il valait mieux qu’elle annule à deux semaines du défilé que la veille, et que c’était sans doute censé se passer ainsi, que je trouverai une modèle correspondant encore mieux à l’image que j’avais en tête pour sa robe, qui n’était autre que la robe finale du défilé, rien que ça, celle sur laquelle j’avais travaillé deux mois entiers, et que je venais enfin de finir juste avant de partir pour Paris.
Au final cette confiance au delà du stress me donna vite raison, puisque quelques jours après,
je trouvais une nouvelle modèle parfaite en tous points, mais je vous en reparlerai plus longuement très bientôt!
A la suite de cette escapade « fashion weekesque », je rentrai donc chez moi et entamais les deux petites -mais bien remplies- semaines de travail restantes pendant lesquelles on peut dire que j’ai bien peu dormi…j’ai entre autre brodé et décoré à la main la robe Elisabeth, réalisé ma propre robe de A à Z, me suis occupée de toute la logistique de dernière minute, vérifié toutes les tenues et accessoires, assisté aux répétitions des musiciens, brodé des petites plumes de paons vertes et or sur un uchikake, réalisé des retouches express, trouvé des chaussures pour une de mes modèles le jour même du départ, à la veille du premier défilé, etc etc…
Enfin, le soir du départ arriva.
Nous avions décidé de « dormir » dans un hôtel situé au coeur de l’aéroport Charles de Gaulle, car avec notre vol très matinal couplé à mon stress éternel lorsqu’il s’agit de prendre l’avion (peur de rater le vol, que mes valises dépassent la limite autorisée de poids ou pire du pire que l’on perde mes bagages!), cela me semblait être la solution la plus sûre. En parlant de valises, je crois que ce coup-ci elles m’ont particulièrement fait cauchemarder, et ce des mois à l’avance. Et si je n’arrivais pas à faire rentrer toutes mes robes dedans, et si une fois arrivée à Nice le jour du show on m’annonçait que mes valises avaient été envoyées à l’autre bout de l’Europe, et si, et si…? Je vous coupe tout de suite le suspens, tout s’est très bien passé. Bon, il faudra vraiment que j’arrête de me pourrir la vie (ou plutôt mes nuits de sommeil) avec ça un jour.
Mais revenons en à notre récit : les valises bien alignées dans le coffre, l’appartement passé au radar une bonne dizaine de fois pour ne rien oublier, nous arrivâmes enfin à notre hôtel (merci Papa!), où Yui, Chiyako et moi avons retrouvé tour à tour Vanessa notre maquilleuse et son assistant Raoul qui arrivés le matin même de L.A. dormaient quelques étages au dessus de nous, puis Margaux notre coiffeuse qui nous a rejoints peu de temps après à la suite d’une longue journée de travail, et que je rencontrai donc pour la première fois. Une première fois, et nous dormons déjà ensemble, et bien, et bien!
Même si nous avons essayé de nous coucher de bonne heure, autant vous dire que je n’ai pas beaucoup fermé l’oeil et que la nuit fut courte, car à 4h du matin un carillon de réveils sonnait déjà ans notre chambre.
Nous avions préféré prendre de l’avance pour bien trouver notre chemin sans stress dans les dédales de Charles De Gaulle, être sûrs d’avoir le temps de se retourner en cas de problèmes avec les bagages (prendre l’avion avec une guitare notamment n’est jamais chose aisée), et pouvoir manger un bout s’il nous restait du temps. Au final tout se passa pour le mieux et nous avons même eu le temps de nous poser pour un petit déjeuner bien nécessaire avant de monter dans notre coursier ailé. Je bénis alors ce petit café qui proposait viennoiseries et jus de fruit frais, et le must, toute une sélection d’infusions ayurvédiques « Yogi Tea » que je bois d’ordinaire à la maison pour me relaxer. La vie est faite de petits bonheurs simples comme une tasse de thé…l’ambiance était donc au beau fixe dans notre petite troupe, vite rejointe par Rebecca, une de mes amies et modèles, et de Karl, compagnon qui deviendra très bientôt super manager à son insu, mais le temps passa, l’heure de l’embarquement arriva, et notre duo de maquilleurs Vanessa/Raoul n’arrivait toujours pas (j’avais pourtant été frappé à leur porte avant de partir pour m’assurer qu’ils étaient bien réveillés, on ne se refait pas).
Alors qu’en faisant la queue pour embarquer je me rongeais tous les ongles de mon corps intérieurement en fixant l’endroit par lequel ils étaient censés arriver, et qu’à 5mn de la fin de l’embarquement je commençais à perdre espoir, presque résignée, arrivèrent tout calmement Vanessa et Raoul, apprêté jusqu’au bout des cils, le sourire aux lèvres, et je me rendis alors compte que ces deux là avaient une manière toute différente de gérer le stress du timing, et que je devrais en prendre au moins un peu de graine!
Enfin nous étions tous dans l’avion et le vol de 1h30 me paru très rapide (quand on est habituée à des voyages de 24h depuis le Japon en même temps…).
Après avoir retrouvé Line, une autre amie modèle à l’aéroport de Nice, et récupéré nos bagages très rapidement (mes précieuuux!) nous nous sommes tous dirigés vers le bus qui devait nous emmener ensuite jusqu’à Monaco.
Si le chauffeur était d’une amabilité plus que discutable, les paysages matinaux de la côté niçoise déjà bien ensoleillée furent eux très agréables,
et nous arrivâmes au final avec même un peu d’avance!
Fini les petits moments de relaxation entre Yogi Tea et discussions dans le bus tout en admirant le paysage, alors que nous arrivions au forum Grimaldi, il était temps pour moi de prendre mon rôle d’organisatrice/créatrice de défilé à bras le corps!
Quand à la suite des évènements, et plus particulièrement les heures qui suivirent,
je me suis retrouvée dans un tourbillon tel que je serais bien embarrassée pour vous raconter tout en détail et dans l’ordre.
Voici donc en gros ce qui s’est passé : nous avons été accueillis par l’équipe du grimaldi forum, nous avons failli nous perdre dans un dédale de couloirs, d’ascenseurs et d’Escalators, nous avons trouvé notre loge, j’ai récupéré mon équipe au compte goutte, Karl est devenu mister « Super Manager » par la force des choses, j’ai défait des valises, suspendu des cintres, les modèles ont fait connaissance, Margaux, Raoul et Vanessa ont blushé, poudré, coiffé, laqué, j’ai rencontré l’équipe technique, les ingés sons et lumières, je leur ai expliqué mon plan d’attaque, j’ai croisé Cédric et Dominique, l’organisateur du salon et son assistante, les musiciens ont fait leur soundcheck, j’ai fait marcher des modèles sur scène une par une, puis toutes les modèles en musique sur scène, j’ai habillé, j’ai défroissé, j’ai rassuré, j’ai fait interprète, j’ai couru partout, je n’ai pas eu le temps de boire ni d’aller au toilette, j’ai quand même réussi à grignoter de la bonne nourriture vegan made by Klara entre deux, j’ai fait des kilomètres en courant, j’ai pris plein d’Escalators à l’envers, manquant de m’effondrer lamentablement, et puis, et puis…
il était déjà 17h, l’heure de tout ranger et de filer à l’hôtel Fairmont!
Même si nous avions voulu essayer de nous déplacer incognito jusqu’à l’hôtel, je pense que c’était perdu d’avance : un groupe d’une vingtaine de personnes traînant des valises plus grosses qu’elles avec des modèles maquillées/coiffées, et à moitié habillées,
cela passe difficilement inaperçu!
Heureusement, la marche était d’à peine plus de 5mn, mais une fois arrivé à l’accueil de l’hôtel, le temps de trouver la personne en charge de l’évènement, nous avons attendu tel un essaim bourdonnant d’effervescence à la vue des lieux, jusqu’à ce que l’on nous dirige vers notre loge, une grande pièce bien équipée et idéalement située juste à côté du spa,
mais toute en baies vitrées!
Le temps de poser les valises, nous avions juste une petite heure devant nous pour que les musiciens s’installent et règlent leur son, que nous repérions les lieux, que nous décidions du parcours du défilé, que nous le répétions deux/trois fois, et comme nous sommes décidément les maîtres du timing, nous avons même pu faire une répétition générale sur place avec la musique avant de nous réfugier backstage pour finir la préparation des modèles.
Heureusement, nous avions deux paravents et quelques portants pour créer un périmètre de sécurité autour des modèles que je devais habiller malgré les baies vitrées, et s’il restait encore 1h30 avant le début présumé du défilé, ce que je pensais largement suffisant, Tamara ma super assistante et moi-même furent juste dans les temps, au point que je craigne de ne pas pouvoir m’habiller et me coiffer avant le début du défilé, mais heureusement pour moi (malheureusement pour les modèles qui commençaient à avoir le ventre gargouillant) l’heure de début du défilé pris du retard, et je pu me changer, me faire coiffer et même faire retoucher mon maquillage puis revérifier toutes les modèles et tenues sans stress.
Vint enfin l’heure fatidique, après un câlin général, et une fois les modèles alignées dans l’ordre de leur passage en coulisse, le petit speech de présentation déclamé aux invités pendant lequel j’appris que le show était une surprise, que j’espérais du coup être bonne, les première notes de musique retentirent et le défilé pu commencer.
Même si mon point de vue de la chose se résumait à un petit interstice depuis les coulisses, quel bonheur de voir enfin le travail de toute mon équipe prendre forme sous les yeux des invités, mais étant censée faire partir les filles en suivant la musique, j’essayais de me concentrer et de ne pas me laisser aller aux émotions pourtant bien présentes.
La musique était sublime, les modèles parfaites, je discernais ici et là une de leurs expressions, un de leur mouvement,
puis le sourire ou les yeux écarquillés de quelques invités,
qui semblaient tantôt happés par le show qu’ils en oubliaient de manger,
qui filmaient ou prenaient des photos avec leurs téléphones.
Et déjà venait le final, puis le salut de l’équipe,
le premier défilé était fini…
De retour backstage avec toute l’équipe, alors que nous réalisions à peine que ça y est, la première partie de notre mission était achevée, tout en s’enlaçant les uns après les autres, pleins d’euphorie, venait déjà pour moi le temps de déshabiller toutes les modèles, mais c’était sans compter sur la petite visite impromptue de Cédric Biscay, l’organisateur du week end et du dîner de gala officialisant le lancement de sa nouvelle compagnie, Shibuya Productions, qui vint nous féliciter et me fit des compliments qui me font encore rougir en y repensant…mais vite, vite, je retournais ensuite à mon travail de déshabillage, qui heureusement est tout de même bien plus rapide que son étape inverse, et je laissais Tamara mon assistante et toute l’équipe sur de chaleureux mots de remerciements, puisque Yui, Chiyako et moi devions filer ensuite pour la fin du dîner.
J’ai eu la chance d’avoir à ma table ce soir là des personnes aussi intéressantes et adorables qu’elles n’étaient point avares en compliments, à ma droite Alain Damasio, auteur de « La Horde du Contrevent », à ma gauche Fabien Baboz, directeur du studio d’animation Caribara et co-producteur du projet « Astro Boy Reboot », et en face de moi Eric Chahi (merci pour les photos!) créateur notamment du jeu vidéo « Heart of Darkness » un des seuls jeux sur lequel j’ai passé un nombre incalculable d’heure étant encore jeune ado.
Ils n’ont pas manqué de compliments sur la musique, les costumes et les modèles, mais ce qui me fit certainement le plus plaisir d’un point de vue personnel, c’est de savoir qu’ils étaient plutôt réticents lorsqu’ils ont su qu’il y aurait un défilé de mode, mais qu’au final ils avaient été complètement pris par l’ensemble du show, jusqu’à la fin, leur faisant oublier pendant un temps où ils étaient et ce qu’ils faisaient.
Emportés comme nous l’étions dans nos conversations, la fin de soirée arriva bien vite.
Encore sur mon petit nuage, je retournais donc en coulisses finir de ranger toutes mes robes, tout remettre dans les valises pour le lendemain. Une fois sortis et après une petite course en taxi, car non, vraiment, nous ne nous sentions pas de monter à 3 une pente plus qu’abrupte pendant 20/25mn avec une guitare et 5 valises, nous arrivions enfin à notre hôtel où nous attendaient déjà Margaux, Raoul, Vanessa et Victoria ma modèle sirène, et après quelques petits mots échangés, tout le monde prit enfin un repos bien mérité,
et ainsi, je fermais les yeux,
heureuse, et plus que confiante pour la deuxième grande journée qui nous attendait.
>>>Pour lire l’article « Brume » Part1, c’est par ici!
>>>Pour l’article « Brume » Part2 (Jour 2), par là!
J’aime ton aventure … Tu mérites cette joie et ces compliments… Ton travail est superbe… Besos depuis Barcelona… Heureuse de suivre ton travail et tes creations!
Merci beaucoup Sophie! Bises également depuis le Japon 😉
C’est toujours un plaisir de lire tes aventures, surtout avec la plume que tu as ! Hâte de lire la suite 🙂
Merci beaucoup Alice ^^